Vincent Lorgeré
Carnet de bord à Rostrenen
Comme à mon habitude, j'ai parcouru la carte via « Google map » pour retrouver cette grille forestière. Je n'ai pas vu de zone similaire dans m'a traversée comparé à celle que j'avais exploitée à Vitré. Je me suis rendu compte que mon installation allait s’adapter au lieu. Qu'elle irait l'accompagner sous une nouvelle forme. C'est dans un chemin creux dans le bois de Kerbescont que je me suis mis à imaginer une nouvelle pièce. À la différence de mon installation passée qui fonctionne sur le fait de tourner autour des grilles. J'ai pensé cette fois revenir sur l'effet de concentration et introduire de multiples plans dans le chemin creux. J'ai envie de la nommer Portail. Au début, je prévoyais d'exploiter la faille et évoquer des gisements ou des cristaux. L’apparition devait perler sur les côtés, mais au cours de mes prises de vue, j'ai été intrigué par la chute d'un arbre. Il se trouvait là, de travers, le long de la faille. J'ai pensé que ce serait une bonne base pour faire tomber les grilles orange et de faire disparaître le fond.
Je suis moins influencé dans cet environnement par des formes liées à l'urbanisme, mais davantage par le lieu en lui-même quand je l'ai traversé. Il dégage une tension pesante avec tous ces arbres qui s’apprêtent à tomber. Ils accrochent désespérément à une terre qui s'écoule lentement au centre. Cette attraction m'a fait imaginer que toute cette disposition pouvait être engendrée par mon installation. Ce qui place encore la grille orange comme coupable de ce déséquilibre. Cette forêt est âgée, elle remonte à loin et pourtant quand je réalise cette pièce, je me raconte l'histoire qu'elle est responsable de cette faille. Elle repousse la terre et les arbres. Elle n'a rien à faire ici. Elle rend le chemin incertain et impraticable. Une sorte d'ovnis qui apparaîtrait à une date inconnue. Je pense aussi qu'il y a cette peur de se faire avaler par le bois. Qu'on n'en revienne jamais ou que l'on retrouve son chemin des années plus tard. Une nature qui viendrait a déséquilibrer nos sens dans le but de nous faire halluciner et de nous tendre un piège.
Auparavant, je me suis rendu sur d'autres sites forestiers qui eux ont été pensés à l'origine. J'ai aperçu différents types de bois artificiels auxquels je suis attaché depuis ma première installation in situ. On voyait très bien des couloirs se dessiner ressemblant à des lignes de building. Leur hauteur était importante, voir vertigineuse, ce qui faisait paraître leur déracinement spectaculaire. Deux rangées avaient été balayées par une force colossale. On est dans un autre genre de corridor, mais le portail revient à nouveau. La forêt implose.